Partie 9 - Organisation des ressources documentaires
Après avoir collecté, réfléchi et analysé le sujet de recherche, il s’agit maintenant d’organiser cet ensemble de connaissance.
La classification
Dans le domaine de la documentation, la classification « consiste à organiser des sujets ou des objets en classes, de sorte que les sujets/objets semblables ou parents soient regroupés et séparés des sujets/objets non semblables. Une classe est un groupe d’entités qui présentent une ou plusieurs une ou plusieurs caractéristiques communes ». Hudon, M., COURS BLS 6054 – Analyse et représentation documentaire 2. Université de Montréal, École de bibliothéconomie et des sciences de l’information, 1999-2000.
On estime que la classification engage deux principes fondamentaux :
- le regroupement (grouping) consiste à rapprocher les objets ou les sujets qui possèdent au moins une caractéristique commune, appelée la caractéristique de division.
- Le classement (ordering) consiste à mettre en séquence des groupes ainsi constitués.
Exemple : regroupement : on regroupe les étudiants qui ont la même orientation scientifique dans une même classe. Classement : on classe ces étudiants du plus compétent au moins compétent.
La classification est une méthode d’organisation parmi d’autres, et elle s’est montrée usuelle et effective par la pratique (on parle toujours de hiérarchie, de classes sociales, de la segmentation des métiers).
La classification permet d’identifier, d’interpréter, de mettre en comparaison, de prédire, un phénomène, un contexte ou un sujet particulier. C’est donc un acte de connaissance (cognitif), qui nécessire une démarche pragmatique, scientifique, rigoureuse afin d’atteindre des résultats éprouvés.
Toute classification est située et il n’existe pas de classification absolue ou idéale. Une clasiification est culturelle, temporelle, parfois géographique, politique, paradigmatique...
La Classification Décimale de Dewey (CDD)
Exemple sur la bnf : Condition de l'homme moderne de Hannah Arendt, oeuvre classée en 191 (Philosophie occidentale moderne - États-Unis et Canada) et 123 (Le genre humain):
Dans le cadre de ce cours nous nous intéressons à la classification des ressources documentaires bibliothécaires, et non celles des entreprises ou des organisations de manière générale.
Melvil Dewey (à ne pas confondre avec John Dewey), bibliothécaire américain, a proposé en 1876 un modèle de classification des ressources documentaires que nous appelons la classification décimale de Dewey (CDD) et visant à classer l’ensemble du savoir humain à l’intérieur d’une bibliothèque.
L’objectif de Dewey était de répondre à la contrainte de ranger un nombre important de livres de façon à les retrouver rapidement quand on a besoin. Donc il a fallu décider s’il fallait classer ces livres par ordre alphabétique d’auteurs, par date d’arrivée, par année d’édition, par taille, etc.
Dewey a eu l’idée génie de ranger ces livres par grand sujet de connaissance comme l’histoire, la philosophie, etc. En utilisant un système compréhensif par tous : les chiffres : 000 généralité, 100 philosophie et psychologie, 200 religions, 300 sciences sociales, etc. Sauf que chaque domaine de connaissance comprend en lui-même un ensemble de matière qu'il faut identifier. Ce qu'il va faire donc c'est de diviser les grands champs de connaissance en 10 classes décimales chacune subdivisé en 10 et ainsi de suite. Ce qui permet à chaque livre de porter dans sa couverture le nombre qui permettra de le classer avec tous les autres documents qui traiteront le même sujet.
Par exemple, le chiffre des sciences sociales est 300. 310 correspond aux statistiques, 320 aux sciences politiques, 330 aux sciences économiques...
La Classification Décimale Universelle (CDU)
La méthode de classification décimale de Dewey a été complétée et perfectionnée par la classification décimale universelle (CDU) développée par les avocats Henri La Fontaine et Paul Otlet. Ce projet s’inscrit dans un effort pacifiste par un désir commun de rapprochement entre les peuples, au travers d’une classification de l’ensemble des productions de l’esprit humain, académique, universitaire ou pas.
Il s’agit d’une méthodologie qui permet de catégoriser l’information, de la référencer pour pouvoir la retrouver dans un fichier important et universel. Cela permet à la fois la recherche d’un ouvrage et la vision globale de la production intellectuelle et mondiale sur une thématique ou d’un sujet.
L’indexation
Une notion commune à la plupart des modèles d’organisation ou de classification des ressources documentaires est l’indexation. Cela consiste à « décrire et à caractériser un document à l’aide de représentations des concepts contenus dans ce document, c’est-à-dire à transcrire en langage documentaire les concepts après les avoir extraits du document par une analyse. La transcription en langage documentaire se fait grâce à des outils d’indexation tels que thesaurus, classification, etc. » (UNISIST, dans Chaumier, 1988, p. 22-23).
Pour indexer un document, il faut donc utiliser des mots clés - aussi appelés vedettes-matières ou autorités - qui sont indispensables pour retrouver un ouvrage dans le catalogue d’une bibliothèque.
Par exemple si votre lecteur cherche un livre sur les physiques quantiques, il faut qu’il puisse le trouver en tapant les mots : physiques et quantiques dans le catalogue.
Les thesaurus documentaires
Portail terminologique pour valoriser et mutualiser les ressources terminologiques (lexiques, dictionnaires, thesaurus) d’organismes publics de recherche et d’enseignement supérieur.
Un des grands systèmes d’indexation c’est le RAMEAU (Répertoire d’autorité-matière encyclopédique et alphabétique unifié), géré par la bibliothèque nationale de France. Il comprend plus que 200 000 autorités.
Les mots clés utilisés pour l’indexation sont réunis dans un thésaurus d’indexation:
- Définition 1 (Chaumier, 1988) : Dictionnaire de termes normalisés, organisés de manière conceptuelle, et reliés entre eux par des relations sémantiques.
- Définition 2 (AFNOR, 1987) : Langage documentaire fondé sur une structuration hiérarchisée d’un ou plusieurs domaines de la connaissance et dans lequel les notions sont représentées par des termes d’une ou plusieurs langues naturelles et les relations entre notion par des signes conventionnels.
- Définition 3 (AFNOR, 1996a, NF Z 47-100, p. 479) : Liste d’autorité organisée de descripteurs et de non-descripteurs obéissant à des règles terminologiques propres et reliés entre eux par des relations sémantiques (hiérarchiques, associatives, ou d’équivalence). Cette liste sert à traduire en un langage artificiel dépourvu d’ambiguïté des notions exprimées en langage naturel.
Chaque domaine de recherche va avoir ses thésaurus. Par exemple, l’entropie dans l’informatique de veut pas dire la même chose en physique ou en biologie.
Un thésaurus n’est pas un dictionnaire parce qu’elle ne fournit pas des définitions ou de manière accessoire. Ce qu’il fournit c’est les relations des termes et leur sélection. Par exemple, « un thésaurus reliant récolte à culture, blé à céréale, et France à Europe, permettra pour une question portant sur la récolte du blé en France de trouver des ressources indexées avec culture céréale Europe.
