Qualités du programme
Le programme est essentiellement prévisionnel, c'est-à-dire qu'il ne se structure pas sur une base certaine (sur un ensemble d'axiomes déterminant une grande partie de la perspective sur laquelle il travaillera), mais plutôt sur base fonctionnant comme une prémisse de départ qui paraît pertinente pour le sujet abordé, mais qui saura également évoluer au court de la recherche suivant que cette dernière corrobore ou infirme de façon dialectique entre la recherche et l'investigation la perspective prise a priori de la recherche.
Un programme de recherche se structure alors sur un ensemble d'interventions, lesquelles permettent de cadrer et de situé son programme (dans le temps, dans l'espace et dans la culture). Il suggère donc une recherche-action, par laquelle le chercheur s'engage dans une série d'interventions dans le but de créer des conditions de nouvelles pratiques observables à partir desquelles une connaissance peut être extraite et critiquée/discutée.
Dans cette approche, rendue difficile par la participation active du chercheur, par la transformation des pratiques et des environnements, et par l'instabilité de la perspective sous-jacente au programme de recherche, doit toutefois rester pertinente à la pratique et sujette à l'évaluation. L'évaluation n'est toutefois pas scientifiquement classique, dû notamment au fait que le recherche-action est située. La répétition d'une expérimentation est rarement envisageable, une intervention jamais. C'est la clarté du travail, de ses conditions d'exécution et de son rendu en relation avec la question de recherche, que ce soit une expérimentation ou une intervention, qui permette une dissémination claire d'un savoir encore critiquable.
Le programme de recherche est donc une approche apparemment normative. C'est à la fois une proposition, un pris-parti, et une question ouverte qui entend proposer une transformation de pratique du design. Il peut être complémentaire ou contradictoire à d'autres programme de recherche. Même s'il se veut général, il n'est donc pas global (ou universel) et se penche sur des aspects spécifiques qu'il grossira tout en réduisant l'attention portée sur d'autres éléments. La multitude de programmes de recherche qui se complémentent, se contredisent, bref discutent de façon critique ensemble est essentiel à une bonne conduite de la recherche en design au niveau communauté de recherche. Ce positionnement et cette capacité à participer à la "discussion globale" de la recherche en design. Ceci induit que sa pertinence prend corps dans le cours de son execution, se formant sur la base des interventions qui contribuent au programme. Il lui faut donc du contenu pour être évalué, que ce soit sur des aspects théoriques, épistémologiques, méthodologiques, pratiques ou sociaux. Cette évaluation passe notamment par la façon dont ces interventions interrogent la question de recherche, et produisent des connaissances capables de contribuer à son avancement.
Un programme de recherche n'est pas statique. Au fur et à mesure de son questionnement par les experimentations, les interventions, et l'ensemble des discussions et des critiques émises par la communauté, la question de recherche se reformule, la perspective se recadre progressivement. Ceci induit des cycles, ou des itérations, entre lesquels la perspective, la question, voire le programme lui-même peuvent être reformulés ,et que systématiquement invitent pour de nouvelles experimentations ou interventions. Ceci arrive le plus souvent quand une expérimentation ou une intervention semble s'éssoufler, ou lorsqu'un nouvel insight impactant significativement la perspective en cours.